C’est le premier millésime de cette cuvée "Mozart", située tout en haut de la gamme des vins d'Anjou du château de Tigné, propriété de Gérard Depardieu. Ce vin élaboré par Dominique Paullot est exceptionnel de qualité dans le millésime 1989. Un coup d’essai qui s’est avéré être un coup de maître grâce à la qualité du millésime. Il s’agit d’un pur cabernet franc de très vieilles vignes de 80 ans environ fait "à l’ancienne", avec un minimum d’intervention technique. Il arbore une belle robe rouge sombre, dense et profonde. Le nez est parfois malheureusement gâché par une acidité volatile due à des soucis d’ouillage des fûts de chêne ayant servi à l’élevage. Ce défaut n’affectant que quelques fûts, il est néanmoins à relativiser. Précisons qu’il s’agit évidemment de fûts qui ne sont pas neufs afin de ne pas marquer ou travestir le vin. Rien que du naturel ! Les meilleures bouteilles sont remarquables de franchise de goût et de fraîcheur. La matière et la concentration sont remarquables. La richesse est modérée (12°) mais bien adaptée. Il faut préciser que le rendement, naturel car uniquement dû à une taille sévère et à l’âge des vignes, était de 25 hectos à l’hectare, plutôt rare dans la région, surtout à l’époque. Fin 2004 lors de la dernière dégustation la robe de ce vin est d’un beau rubis sombre. Le nez est bien marqué par le cabernet franc avec du poivron et de la prune noire. L’attaque en bouche est massive, avec une belle matière dotée d’une concentration étonnante pour un cabernet franc de Loire. Le vin emplit le palais avec force, les tanins étant encore présents mais domptés par la plénitude de texture du vin qui s’est maintenant fondu. La fraîcheur est remarquable ce qui contribue à l’équilibre du vin. Cette bouteille permet de se faire une bonne idée de ce que peut donner le cabernet franc lorsqu’il est travaillé à très bas rendement avec des vieilles vignes et un rejet des techniques modernes de vinification et d’élevage. Elle est à conseiller à tous ceux qui trouvent les vins rouges de Loire peu expressifs. Il faut toutefois préciser que seule la superbe récolte 89 a donné un tel vin. Le millésime 90 de la cuvée "Mozart", travaillé de la même façon est en effet moins "hors normes" du fait d’un rendement naturel quasiment double (40 Hectos/ha). Pourtant rien n’avait été modifié pour l’élaborer, il s’agissait simplement de l’influence du millésime sur la vigne, 90 étant ici naturellement plus productif que 89. Une anecdote pour conclure: il paraît que c’est Elisabeth Depardieu qui a dessiné l’étiquette de cette cuvée "Mozart". Bon, la dégustation d'une bouteille en mai 2018 est venue contredire quelque peu les propos précédents. Si la couleur est restée belle le vin est devenu austère et mince, sans chair. Les tanins et l'acidité ont pris le dessus. On devine que la matière a quand même du mal à s'exprimer et que l'ossature est mince. En fait le vin semble maintenant manquer un peu de maturité. Il est certes encore jeune et fringant mais le plaisir n'est plus là. La palette aromatique ne compense pas le manque de matière. A revoir sur une autre bouteille. Peut être une bouteille provenant de ces fameux fûts...