Première dégustation de ce millésime 2005 du rouge de la Grange des Pères lors de sa sortie sur le marché en mars 2008. La robe est pourpre, quasiment opaque. Le nez est curieux, marqué par l’élevage et ne présente pas la palette aromatique habituelle du cru malgré un passage en carafe de deux bonnes heures. En bouche le vin apparaît riche (13°5) et corsé mais les saveurs de cassis et de prune noire sont dominées par un caractère animal, laissant penser que le vin ne se livre pas et nécessite plus d’aération. Une forte acidité en fin de bouche atténue la sensation de chair et de plénitude de constitution de ce vin structuré et ferme. L’ensemble apparaît donc dissocié et fermé et fait que ce millésime 2005 se goûte moyennement bien, ce qui est très rare pour cette cuvée dans sa jeunesse. Le fruité et la volupté de texture du cru sont masqués. Quelques heures plus tard le vin a gagné en pureté aromatique et en consistance mais ne se livre toujours pas avec la classe et le charme habituels de ce grand vin à la personnalité unique. Manifestement il faut lui laisser encore un peu de temps, au moins celui de digérer son voyage... Après une autre bouteille similaire à la première une bouteille dégustée lors de la mini verticale de mai 2008 s’est enfin révélée superbe et conforme à l’attente. La matière est lumineuse et d’une allonge en bouche remarquable sur de savoureuses notes fruitées caractéristiques des rouges du domaine. Il a de l’avenir car la matière est imposante et structurée. Une autre bouteille au niveau parfait dégustée en janvier 2017 arborait une robe grenat sombre. Le nez s'exprime avec intensité sur les épices, le cassis, avec un boisé élégant bien intégré. La bouche est riche, corsée, fondue, lumineuse. Il y a une légère sucrosité portée par une belle acidité dans ce vin soyeux et sauvage à la fois. On pourrait penser à un grand grenache qui pinote dans l'esprit.