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Domaine : Diebolt-Vallois |
Cuvée : Cramant |
Appellation : Champagne |
Millésime : 1953 |
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C’est toujours un moment exceptionnel lorsque Jacques Diebolt dégorge à la volée un "Cramant" millésime 1953 élaboré par son grand-père et conservé sur pointe depuis sa mise en bouteille. Déjà l’atmosphère de la cave, à la température constante de 10-11°, avec ses voûtes et ses foudres de bois vous semble augurer des plaisirs que l’on devine intenses. Et ils le sont ! On suit du regard la pince écarter les bords de l’agrafe puis mordre le bouchon et commencer à le tirer vers l’extérieur. Le geste doit être précis afin d’éviter de perdre trop de Champagne ou de mélanger les lies au vin. Soudain le bruit du dépôt expulsé hors de la bouteille réveille vos sens un peu engourdis par la fraîcheur du lieu. Puis le verre se tend avec l’angoissante question de savoir si la bouteille sera conforme à l’attente et à la réputation du vin. Un liquide d’une splendide robe d’un jaune d’or éclatant, doté d’une fine et abondante mousse dont le crépitement dans le verre est le seul bruit que l’on entend dans la cave, dissipe vite les inquiétudes. Les visages se réchauffent et il est difficile de réfréner l’impatience de plonger son nez au-dessus du verre. Oui, bien sûr, c’est cela un grand Champagne ! Un nez d’une pureté étonnante pour un vin de 50 ans, avec ses senteurs minérales de craie, puis de chèvrefeuille, d’agrumes, de confiserie. La palette aromatique semble infinie... Pas l’ombre d’un faux goût d’humus ou de torréfaction que parfois l’âge apporte aux vénérables bouteilles de Champagne. Non, seule s’exprime la pureté du terroir et la subtilité de l’assemblage des parcelles de Cramant entrant dans sa composition. Vient alors le moment d’en avaler une gorgée et de sentir ce vin plein et dense vous envahir le palais. Quel bel équilibre entre acidité et richesse ! Ce 1953 possède une matière d’une plénitude rare avec la touche de gras apportée par la vinification sous bois. Et quelle fraîcheur en bouche !
Les saveurs sont complexes et harmonieuses, changeant au fil de la dégustation. Inutile de préciser qu’une telle bouteille se boit avec une avidité et un plaisir tels que sa durée de vie n’est jamais très longue, bien que sa tenue à l’air et la persistance de sa mousse le permettraient. Devant un tel champagne on oublie tout et on se laisse porter par les sensations qu’il vous procure et les images qu’il vous suggère. Par exemple, celle d’une cuvée "Fleur de Passion" du millésime 1996 que l’on dégusterait en 2045…
(Très nombreuses notes de dégustation dont la dernière en juin 2010 avec un vin toujours superbe même si la mousse était moins présente)
Note: sur la photo, le bouchon du 1953 est évidemment celui de droite. En revanche, si un tel vin devait être commercialisé en dégorgement récent, son nouveau bouchon ressemblerait à celui de gauche.
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